Saisons de l’amour
INTERVIEW EXCLUSIVE
Présentation de « Saisons de l’amour »,
le nouveau spectacle de Moreno Macchi
Propos recueillis par Giulia Strambelli, extrait de Canzoni e… canzoni
(27 août 2011)
Moreno Macchi, vous avez chanté « Musica Fellini ! », « Cinemania » « Parfum », ou encore « Doux Amer », « Paroles de mythes », « Chansons de Stars », « Face B », « Ci vorrebbe il mare »… Mais où diable dénichez-vous les titres de vos spectacles ?
Vous me servez la réponse sur un plateau d’argent ! (rires)
Alors, justement à propos de « diable »… Nous discutions, un jour, mon amie Mimi[1] et moi-même de littérature et nous en sommes venus à parler des âmes damnées de l’«Inferno » de Dante; celles que Charon appelle « anime prave ». Les âmes damnées nous ont immédiatement fait penser aux « Ames mortes » ; alors nous de avons évoqué quelques titres de romans que nous avions lus et aimés, puis quelques célèbres tragédies nous ont fait penser aux amours dramatiques, au temps qui passe, aux roses qui durent l’espace d’un matin, aux vieux amants célébrés par l’immortel Jacques Brel …
De la grande littérature nous avons ainsi subrepticement glissé et sans le vouloir vraiment (c’est l’art de la conversation, non ?), aux chansonnettes !
Et comme dans nos conversations nous passons sans crier gare de l’italien au français et vice-versa, de là à penser à la célèbre « La Stagione dell’amore » admirablement écrite et chantée par Franco Battiato (que nous aimons beaucoup tous les deux), ce ne fut que l’affaire d’un instant.
Alors, en quelques minutes, de nombreuses autres idées de morceaux qui relatent les « étapes » d’une histoire d’amour ou des amours à différents moments de la vie ont surgi autour du titre de la chanson de Battiato. Premier amour, belle histoire d’amour, amour qui s’en va, amour perdu, amours qui passent, qui reviennent, âges de l’amour. Un titre ? Pourquoi pas justement « Saisons de l’amour » ?
Le thème et le titre du nouveau spectacle étaient trouvés…
Et après, comment procédez-vous ?
Il s’agit alors de (re)trouver les interprétations originales des chansons répertoriées et dont les titres avaient été notés à toute vitesse et de façon presque illisible (vous savez, j’ai une écriture qu’on ne peu lire qu’en étant graphologue ! – rire -) sur un bout de papier arraché au répertoire mon agenda. Ce ne fut pas facile pour quelques unes… (merci à Christian Testoni ! mon expert en recherches improbables !).
Il s’agissait ensuite de les transposer dans la bonne tonalité, de les arranger (Jean-Yves Poupin), de les accompagner (Jean-Yves Poupin et Stéphane Fisch) et de les interpréter (Moi ! –sourire amusé )
Quelques chansons parmi celles que vous avez interprétées sont chantées – à l’origine – par des femmes. Patty Pravo (votre idole de toujours), Mina, Françoise Hardy, Ornella Vanoni, Marlène Dietrich … Cela ne vous gêne-t-il pas d’interpréter des chansons écrites pour des femmes ?
Celui qui aime, celle qui aime.
Ah, l’amour… (soupir) toujours !
Les émotions ressenties par les hommes ne sont peut-être pas absolument identiques à celles que ressentent les femmes ? Est-ce à cela que vous pensez ?
Eh ! ….
Qui peut savoir ?
J’ai décidé depuis longtemps déjà, que les textes, à l’origine chantés par une femme / un homme, pouvaient très bien être chantés par un homme / une femme…
Le sexe de l’amour c’est un peu comme celui des anges.
Un vaste débat.
Hors du temps, et … pas de saison ! (sourire)
Et dites-moi, que racontent les textes que vous chantez en italien, pour ceux qui ne comprendraient pas la langue de Dante?
Mais enfin, tout le monde comprend l’italien! N’est-ce pas la langue de l’amour ?
Certes … Et les chansons en français ?
Celles-là, j’espère que tout le monde les comprendra ! (rire)
Non, ce que je voulais savoir c’est quelques titres …
Ecoutez, je vous en ai déjà beaucoup dit, laissez-moi entretenir un peu de mystère …
Chanterez-vous aussi dans d’autres langues, comme ce fut le cas pour « Cinemania » et d’autres spectacles ?
J’ai une petite envie d’anglais… mais je n’ai pas encore vraiment décidé. Quand je ne chante pas en français ou en italien, j’aime surtout chanter en allemand, c’est une langue qui s’y prête bien. Mais je pense que quelques mots de « Summertime » devront figurer dans ce récital, non ? (clin d’œil complice)
La version de Marlene, peut-être…
Pourquoi dites-vous cela ?
Et vos autres collaborateurs ?
On ne change pas les équipes gagnantes. Je vous ai déjà parlé de Jean-ves Poupin et de Stéphane Fisch, les musiciens.
Pour ce qui est des éclairages, je travaillerai de nouveau avec Michel Boillet, le vrai magicien de la lumière, qui – en 2005 – avait transformé le Théâtre du Grütli (entièrement vidé pour l’occasion) en boîte à rêves pour la création de « Cinemania », et qui a déjà fait des prouesses pour d’autres spectacles dans des lieux très différents. Vous souvenez-vous de l’API [2], cette fabrique désaffectée à la rue du Vuache, de la Traverse, ou encore du magnifique Teatro Sociale de Bellinzona ?
Il paraît que vous avez décidé d’abandonner la très belle photo qui a été utilisée pour vos deux derniers spectacles et qui était déjà devenue un must et une sorte de nouveau « portrait officiel » ?
Oui. C’est une opération nécessaire que de changer d’image de temps en temps. Dans un certain sens un souci de vérité ! (rapide regard vers le grand miroir Napoléon III qui orne le salon de son appartement, où Moreno a l’amabilité de me recevoir). Mais on reste dans une ligne très sobre : sans maquillage, sans trucage(s), sans retouches, juste avec deux projecteurs et tout le talent de Sandra Pointet , une photographe cette fois. Voilà, ce sera encore un « nouveau » Moreno Macchi, celui du troisième millénaire… (rires)
Merci Moreno. Rappelez-nous encore une fois les dates et le lieu de votre prochain spectacle …
« SAISONS DE L’ AMOUR »
MOULIN À POIVRE,
du 19 AVRIL au 5 MAI 2012
les jeudis, vendredis, samedis à 19h30