Tribune de Genève – 01/03/2000
Article original : Archives de la Tribune de Genève
CHANSON / Moreno Macchi racontera les «Histoires» de l’an MM
Le Genevois remonte sur la scène du Moulin à Poivre le 2 mars
Par ÉTIENNE DUMONT
En latin, 2000 s’écrit avec deux «M» majuscules. La chose ne pouvait pas échapper à Moreno Macchi, dont l’ego a toujours été très affirmé. L’inventeur du parfum «Moi» en a tiré la conclusion voulue. Il va remonter sur scène le 2 mars. Ce ne sera pas pour un simple tour de chant. Le texte jouera un rôle essentiel dans les Histoires qu’on pourra entendre au Moulin à Poivre.Alors? Raconteur ou faiseur d’histoire? Au téléphone, Moreno se rengorge avant d’éclater de rire. «Faiseur toujours, raconteur cette fois. Chacune des 28 chansons proposera une petite histoire qui n’est pas forcément d’amour. Il y aura des fables détournées, des lettres, des lamentations et même quelques récits diaboliques.»Mouvements horizontauxLe choix de départ était vaste «Je suis comme d’habitude parti d’une masse énorme de chansons, engrangée avec l’aide de mes antennes. Sont ensuite intervenues mes aspirations. Avais-je, oui ou non, l’envie de débiter sur scène tels ou tels couplets? Et puis, je ne suis pas seul en jeu! Il y a Jean-Yves Poupin, mon pianiste, avec qui je me sens plus complice que jamais. Il a ses propres désirs.» Le retour au Moulin à Poivre, utilisé depuis 1998, est à la fois craint et souhaité. Pour Moreno, la salle offre l’avantage d’être de la bonne taille, du moins en largeur et en profondeur. «Pour ce qui est de la hauteur, je me sens terriblement réfréné dans mes gestes. Mes mouvements devront rester aussi horizontaux que possible.» Le Moulin constitue donc une solution de repli. «Je ne vais pas revenir sur les saisons genevoises et le peu de place qu’elles laissent à la chanson…»Surtout en françaisDans le nouveau spectacle, le français dominera nettement sur l’italien. La partie se jouera à 22 contre 6. «C’est bien de le dire. Il y a avec moi l’éternelle querelle des Anciens et des Modernes. Les premiers ont la nostalgie de l’italien perdu. Les autres ne se sont toujours pas décidés pour un cours de langue. J’avais bien pensé au départ à faire des rétro-projections, comme pour l’opéra au Grand Théâtre. Mais je trouve que ça fait vraiment très prof’.» Petit bruit de briquet au bout du fil. Moreno allume sa cigarette. «Je fais juste un mégot de luxe. J’allume pour le plaisir d’allumer. Seules les premières bouffées m’intéressent.» Il s’agit aussi de calmer le trac. «Plus j’avance, plus il vient tôt. Je crains toujours davantage de ne pas être à ma hauteur.» Une forme de modestie, finalement.Moreno Macchi – Histoires, Moulin à Poivre, 5, ruelle du Midi, du 2 au 25 mars, les jeudis, vendredis, et samedis à 20 h 45, location, tél: (022) 700 27 27.